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polar historique - Page 5

  • Le Calice des esprits de Paul Doherty

    Le Calice des esprits

    de

    Paul Doherty

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    "-Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché...Il y'a bien des années que...

    Je m'assis sur mes talons et contemplai le visage cireux du cadavre étendu sur une civière basse devant moi. Les moines allaient porter à l'église le père gardien, âgé d'au moins quatre-vingt cinq printemps, enveloppé dans son linceul."

    Mathilde de Westminster qui vit désormais en ermite dans le couvent franciscain de Newgate, entreprend, à la demande du père gardien, de raconter ses mémoires.

    "Il n'ignorait pas qui j'étais. Il savait que j'avais servi la reine mère, Isabelle de France. Que je l'avais accompagnée de l'époque de sa descente aux enfers jusqu'à sa glorieuse remontée, qui n'avait conduit qu'à sa nouvelle chute. Que je m'étais longtemps abritée à l'ombre de la Louve et avais été une disciple de cette" nouvelle Jézabel". Oh, oui, tel un chevalier masqué,  je m'étais trouvée au cœur de cette sanglante mêlée en ces temps ou les puissants basculaient des échelles du gibet ou bien étaient contraints de se tenir à genoux"

    Le lecteur est ainsi invité à remonter le fil de ses souvenirs. Après avoir perdu son père, apothicaire de son état, Mathilde a été envoyée par sa mère à Paris auprès de son oncle Réginald de Deyncourt. Dans la capitale, elle parfait ainsi ses connaissances des herbes et de la médecine. Jusqu'à devenir une femme très savante.

    Mais en octobre 1307, Philippe le Bel s'attaque à l'ordre des Templiers. Tous sont recherchés et arrêtés. Aucun membre de leur entourage n'est également épargné.

    Heureusement, Réginald a eu vent de ce qui se tramait et est parvenu à cacher sa nièce chez un banquier de ses amis.

    Ce dernier, afin de sauver la jeune femme, décide de la faire devenir dame de compagnie d'Isabelle de France, la fille du Roi qui doit prochainement épouser le roi Edouard II d'Angleterre.

    Par conséquent, Mathilde se retrouve à la Cour de France, au milieu de ceux qui ont condamné les siens et qui la recherchent activement.

     

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    Le Calice des esprits constitue le premier tome d'une série consacrée à Mathilde de Westminster. Une série écrite par Paul Doherty, un universitaire anglais très prolifique en polars historiques. Outre ceux qu'il a publiés sous son nom, il en a fait paraître d'autres sous des pseudonymes aussi variés que Paul Harding ou C.L Grace.

    On s'attache donc au destin de cette jeune femme qui désire ardemment devenir médecin mais qui, suite à la chasse aux Templiers, se voit contrainte de rentrer au service d'Isabelle de France.

    Quand elle rencontre la princesse, cette dernière a 13 ans. En proie aux mauvais traitements de son père et des frères (certains d'entre eux aiment visiter sa couche), elle aspire à partir en Angleterre.

    Immédiatement, Mathilde et Isabelle se comprennent et se rapprochent. Toutes deux, fort intelligentes dans une époque où les femmes ne doivent pas prétendre à occuper une place importante, elles se soutiennent et s'entraident.

    Ainsi, l'apprentie médecin espionne pour le compte de la fille de Philippe Le Bel et tente de comprendre pourquoi les émissaires envoyés par le roi d'Angleterre disparaissent tous dans des circonstances mystérieuses.

    Cette enquête, maintes fois dangereuse, va se poursuivre quand les deux jeunes femmes arrivent à Londres.

    Après avoir lu et beaucoup apprécié les Rois maudits il y'a une dizaine d'années, j'ai été ravie de me replonger dans cette époque. Au lieu de s'intéresser au sort du roi, de Marigny et des princes, l'auteur s'attarde plutôt sur celui d'Isabelle de France, surnommée "La Louve de France". Et j'ai aimé ce prisme féminin.

    A la suite de Mathilde et d'Isabelle, on en apprend beaucoup sur la condition des femmes  (un sujet qui ne me laisse décidément pas indifférente), sur les coulisses de la Cour, sur la vie au quotidien....On voyage dans le Paris et le Londres du 14ème siècle. Mais on découvre  aussi un pan de l'histoire anglaise et française: les alliances entre ces deux pays, l'opposition des barons au nouveau roi Edouard II, l'existence de son favori, l'esprit machiavélique de Philippe le Bel...

    De plus, l'énigme policière imaginée est très bien traitée et je ne m'attendais pas du tout à cette conclusion.

    Bref, vous l'aurez compris: Le Calice des esprits constitue un polar historique très intéressant. J'aurais plaisir à retrouver Mathilde et Isabelle dans les prochains opus. Surtout que la malédiction des Templiers ne s'est pas encore exercée...Et que la paix en Angleterre semble bien menacée.

    Editions 10/18, 2009, 350 pages

     

  • La Mort s'habille en crinoline de Jean-Christophe Duchon-Doris

    La Mort s'habille en crinoline

    de

    Jean-Christophe Duchon-Doris

    mort s'habille en crinoline.jpeg

    "Mme Roger, couturière en vogue, quarante-trois ans, chignon, robe en popeline bleu foncé garnie de peluche ton sur ton, avec toque en castor et manchon. On lui a proposé de s'asseoir, elle préfère cependant rester debout à côté de sa "première"-dix ans de plus, un peu voûtée, robe de velours noir très simple, un ruban de même couleur orné d'une perle unique au ras du cou, chapeau à voilette, mitaines en dentelle noire."

    Le 25 janvier 1856, à trois jours d'un grand bal donné aux Tuileries, Mme Roger montre ses dernières créations à une nouvelle venue sur la scène parisienne, la comtesse de Castiglione.

    "Mme de Castiglione bouge enfin- [...] buste droit, port de tête, taille marquée, silhouette cambrée vêtue d'une robe de taffetas finement rayée de mauve et de gris, des yeux bleu-vert, bouche petite surmontée d'un nez destiné au pinceau, cheveux noirs aux reflets fauves, encadrant un visage mat. Une beauté hors du commun."

    Aucune toilette ne convient à cette future cliente. Non, elle a un modèle bien en tête pour être présentée à l'Empereur et entend que la modiste le réalise.

    Trois jours plus tard, vêtue d'une magnifique robe à crinoline de huit mètres, Mme de Castiglione fait son entrée et émerveille immédiatement toute l'assemblée.

    Son destin est en marche...Et elle devient bientôt la maîtresse de Napoléon III.

    Sept ans plus tard, des cadavres de femmes égorgées qui lui ressemblent toutes étrangement sont retrouvés dans la capitale.

    Une enquête est diligentée...

    castiglione winterhalter.JPG

    La Castiglione par Winterhalter

    Après avoir lu de bonnes critiques sur les blogs de Bianca, Fanny, Syl et Titine, j'ai eu très envie de me lancer à mon tour dans ce roman policier.

    J'ai toujours été intéressée par cette période du Second Empire et j'avais déjà entendu parler de la comtesse de Castiglione, cette femme fascinante qui a été la favorite du roi Victor-Emmanuel et de Napoléon III.

    Une beauté à couper le souffle qui a été utilisée pour approcher l'Empereur et le convaincre de soutenir la cause italienne...

    Une muse qui a beaucoup influencé la mode de son temps et s'est sans cesse mise en scène. De 1856 à 1895, soit cinq ans avant sa mort, elle entame, en effet, une collaboration avec le photographe Pierson. Plus de 500 clichés qui la montrent tant à l'apogée de son éclat qu'au moment de sa décadence, quand les dents viennent à lui manquer.

    C'est autour de cet être palpitant que Jean-Christophe Duchon-Doris a choisi de centrer son intrigue. Ses sosies sont égorgés dans les rues de la capitale et le policier Dragan Vladeski est sommé de découvrir l'auteur de ses meurtres.

    Son enquête va le mener dans le cercle des très proches de la comtesse. Mais l'entraîner aussi dans les rues de ce Paris en plein bouleversement haussmanien. Photographes, modistes de renom, demi-mondaines, couturières...constituent autant d'univers qu'il découvre.

    Grâce aux investigations de Dragan, le lecteur peut donc se faire une meilleure idée de la société du Second Empire.

    Une société où à la misère du quartier autour de la rue Traversine répondent la rutilance des salons de la haute société et la richesse des étoffes, des parures.....

    Les femmes se battent pour arborer la plus belle tenue et se faire remarquer à la Cour ou à l'Opéra. Elles font la queue pour voir les défilés du couturier Worth. Celui qui a décidé d'abandonner les poupées pour choisir des mannequins en chair et en os.

    Néanmoins, cette reconstitution très soignée et très fouillée de la vie dans la capitale à cette époque ne constitue pas le seul intérêt de ce roman. L'auteur a su entremêler avec habilité personnages de l'Histoire et de son invention (même si Dragan et Eglantine paraissent bien ternes par rapport à la comtesse). On suit également avec plaisir l'intrigue qu'il a fomentée et les pièges dans lesquels il place son lecteur.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un agréable moment en compagnie de cet ouvrage. Et je pense que ce ne sera pas le dernier que je découvrirai de Jean-Christophe Duchon-Doris...

    Editions Julliard, 2014, 318 pages, 20 €

    Billet dans le cadre du challenge 19ème siècle organisé par Fanny.

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    En bonus, je vous rajoute une vidéo que j'ai trouvée autour de l’œuvre de Pierre-Louis Pierson. L'occasion de voir certaines des photographies qu'il a prises de la Castiglione.


     

  • Ashworth Hall de Anne Perry

    Ashworth Hall

    de

    Anne Perry

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    "Pitt regarda le corps de l'homme allongé sur l'allée pavée. A quelques mètres de là, dans Oxford Street, attelages et fiacres filaient à toute allure sur la chaussée mouillée. Les lampes des réverbères ressemblaient à des lunes pâles, dans l'obscurité naissante du crépuscule gris d'octobre."

    Alors qu'il enquête sur le meurtre d'un agent infiltré, Pitt se voit confier une nouvelle mission: assurer la sécurité d'une rencontre secrète organisée à Ashworth Hall, le manoir de sa belle-sœur Emily, entre les protestants et catholiques irlandais.

    Pour accomplir cette lourde tâche, il va heureusement bénéficier du soutien de son épouse, de sa fidèle servante Gracie. Sans oublier celui (forcé) de son adjoint Tellman, transformé pour l'occasion en valet.

    Mais au fil des heures, l'atmosphère devient de plus en plus orageuse. Et la conférence pourrait prendre des allures dramatiques...

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    Comme chaque mois, j'ai retrouvé avec plaisir les Pitt pour ma lecture commune avec mes copinautes. J'attendais beaucoup de cet opus. Notamment en termes d'évolution des relations. Et de présence plus marquée de Charlotte et de Gracie.

    Dans ce sens, on peut donc dire qu' Ashworth Hall a répondu à mes espoirs. En effet, dès les premières pages, on sent que Charlotte va jouer un rôle plus important dans l'intrigue. Non seulement elle seconde Pitt dans ses investigations mais elle aide aussi sa sœur à recevoir les épouses des conférenciers. Et il y'a fort à faire tant les tensions entre catholiques et protestants irlandais sont palpables même au niveau de leurs compagnes.

    Et que dire de Gracie? Gracie, maintenant devenue une jeune femme de 20 ans, vit ses premiers émois amoureux. J'ai trouvé cela très émouvant. Mais j'ai surtout adoré ses échanges avec Tellman.

    Un Tellman contraint de devenir le valet de Pitt alors qu'il honnit tout ce qui touche à la caste des domestiques. Outre le ressort comique évident de leur association rapprochée et de cette répartition des rôles, ce choix d'Anne Perry nous permet de plonger dans le monde d'en-bas.

    Celui de toutes les petites mains qui contribuent au fonctionnement d'un manoir de la taille d'Ashworth Hall et au bien-être de leurs maîtres. J'ai adoré en apprendre plus sur tous les usages en vigueur, sur les astuces utilisées pour effacer telle tache, sur les escaliers à emprunter...Et cela m'a quelque peu rappelé Downton Abbey, une de mes séries cultes.

    A cet aspect toujours très réussi de description de la société victorienne se superpose une dimension plus politique. En cette fin de siècle, les enjeux irlandais occupent le devant de la scène. Après les échecs notamment de Gladstone, cette réunion secrète semble revêtir une grande importance. L'occasion pour la romancière d'évoquer les pièges sans cesse tendus, les inventions historiques, les fausses croyances... Autant d'éléments qui gangrènent la situation et rendent quasiment impossible toute réconciliation.

    En revanche, je dois confesser que j'ai eu souvent du mal à me repérer entre les différents noms.

    A ce bémol vient s'en ajouter un autre relatif à l'intrigue policière. Elle m'a semblé peu intéressante finalement et sa résolution trop alambiquée.

    Bref, vous l'aurez compris: même si cet ouvrage n'est pas le meilleur cru de la série, j'ai passé un bon moment en compagnie des époux Pitt et je les retrouverai avec plaisir au début du mois d'août. J'ai hâte de découvrir comment certaines relations vont évoluer.

    Editions 10/18, 2005, 315 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Anne Perry et d'une lecture commune avec Bianca, Céline, Fanny, Sybille, Soie, Lara et Belette (je rajouterai les liens dès mon retour)

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